Image de couverture : NB ©La Forge d'Art Loubière
Propos recueillis par Marine Thiphaine, étudiante en L3 Tourisme à l’Esthua-Université d’Angers.
Son parcours
Christophe Beausoleil, chef d’entreprise de la SAS Loubière la Forge d’Art a obtenu un diplôme d’ingénieur civil à Rennes. Il a été quelques années directeur de travaux avant de se diriger vers un Master Management des entreprises et de la construction. Son parcours l’a amené à travailler et à évoluer dans différentes entreprises de la construction comme Sogea-Satom (en tant qu’ingénieur puis directeur travaux), Eurovia (conducteur de travaux), Spie batignolles (directeur commercial), ou encore Bouygues Construction (directeur commercial). Il opère un tournant en intégrant Lefevre SAS, entreprise de restauration du patrimoine comme directeur d’agence puis directeur régional. En janvier 2021, il change d’entreprise en gardant l’idée de travailler dans le patrimoine. Il prend ainsi la tête de Loubière la Forge d’Art, entreprise de ferronnerie d’art spécialisée dans la restauration et la création d’ouvrages uniques.
Un métier au service du patrimoine bâti
Le savoir-faire consiste à restaurer des éléments métalliques dans le respect des objets et monuments. Les supports sont aussi bien des grilles, portails et escaliers que des vitraux, kiosques, passerelles.
Grâce à leur savoir-faire reconnu, les artisans de la forge d’art interviennent sur des monuments historiques comme les châteaux de Fontainebleau, Amboise et Azay-le-Rideau, mais aussi la Cathédrale Notre-Dame de Paris ou le musée du Louvre. Selon Christophe Beausoleil : « cela amène une autre dimension au métier que de travailler pour des sites historiques, tous différents les uns des autres ».
Les chantiers proviennent principalement des marchés publics (monuments historiques, collectivités), mais l’entreprise intervient aussi sur des chantiers privés.
Labels et certifications, un gage de savoir-faire
Fort de son expérience, l’entreprise Louvières – Forges d’art a intégré plusieurs réseaux et la qualité de son savoir-faire est reconnue par plusieurs certifications et labels :
Certification et label
- La « Charte des bonnes pratiques de restauration du bâti ancien à Nantes » de Nantes Renaissance, qui atteste de compétences reconnues dans la restauration,
- Le Label fiabilité Qualibat, porté par l’association du même nom, qui a pour objectif de valoriser les compétences et l’excellence des savoir-faire des entreprises et artisans
- Le Label Entreprise du patrimoine vivant (EPV) de l’Institut national des métiers d’art (INMA), un label d’état français qui reconnaît l’excellence des savoir-faire industriels et artisanaux d’excellence,
Réseaux
- Le Groupement des entreprises de restauration aux monuments historiques (GMH), qui « fédère les entreprises de restauration de monuments historiques et du patrimoine et favorise les relations entre les professionnels et donneurs d’ouvrages ».
- Réseau « Produits en Anjou », qui est un signe de reconnaissance destiné à promouvoir les produits et services élaborés en Anjou
- La Fondation du Patrimoine, qui agit pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine français de proximité
Profils recherchés : Être curieux avant tout
Pour Christophe Beausoleil, la passion et le respect du patrimoine sont nécessaires pour travailler dans l’entreprise. L’équipe de la Forge d’art arrive parfois sur des sites qui ont plus d’un siècle ! Il faut observer le travail des prédécesseurs, étudier leurs habitudes ainsi que leurs compétences et comprendre ce qui a déjà été fait pour respecter l’objet et l’époque. La plus grande qualité à avoir est d’être curieux.
C’est un métier exigeant, qui joue un rôle de passeur afin de transmettre l’objet et son histoire aux générations futures. Il ne faut pas non plus avoir le vertige car certaines œuvres sont situées à plus de 40 mètres du sol. Il faut aussi être mobile car certaines interventions nécessitent de travailler directement sur les chantiers.
Il n’y a pas vraiment de contre-indication pour faire ce métier, tout le monde peut y avoir accès. Tous les profils sont recherchés et appréciés car cela permet d’avoir des visions différentes, des façons de faire et de penser qui peuvent donner un autre regard sur le travail. L’entreprise a mis en place une formation en interne à destination des jeunes pour leur permettre d’apprendre le métier dans le respect des matières et de leur histoire. Ils sont ainsi formés directement avec les artisans de l’entreprise pour acquérir leur savoir-faire. C’est aussi pourquoi l’entreprise s’engage dans l’action Jeunes-Pros du Pôle Patrimoine.
Travailler avec d’autres professionnels : l’importance de la mise en réseau
L’entreprise regroupe des professionnels du même artisanat, mais ils sont amenés à travailler avec des métiers différents, comme des chefs de chantier ou des vitraillistes par exemple. Cela permet de découvrir différents savoir-faire et des métiers qui œuvrent dans un même objectif : la restauration et la conservation du patrimoine.
Envisager ce métier dans le futur
Cela dépend des pouvoirs publics et de leur volonté de conserver le patrimoine. L’entreprise voit passer beaucoup de jeunes qu’ils sont prêts à former. Toutefois, comme dans tous les métiers, le recrutement reste compliqué. Actuellement, les jeunes en formation représentent 20% des effectifs de l’entreprise. Cependant il reste plutôt optimiste car c’est un métier indispensable pour préserver le patrimoine.