Le groupe de travail « Chartes, labels et marques », animé par le Pôle Patrimoine a organisé, en juin 2024, une journée de rencontre ConneXionS. L'après-midi, une visite du chantier de restauration de la chapelle de l'ancienne Hôpital Saint-Jean a été organisée. Cette article se veut comme un compte-rendu de cette visite.

Historique de l’Hôpital Saint-Jean

Tiffanie Le Dantec, architecte et chargée de mission du patrimoine de la Ville d’Angers, nous a accueillis à l’ancien Hôpital Saint-Jean. Le site abrite désormais le musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine. Il a été fondé en 1175 par Henri II Plantagenêt et son sénéchal Etienne de Marçay comme lieu d’accueil et d’assistance pour les plus pauvres. L’hôpital est pris en charge dès 1187 par des religieux et consacrée à Saint-Jean en 1195. La communauté religieuse qui s’y établit est sous l’autorité de l’abbesse de Ronceray et applique la règle de Saint-Augustin. Dans le courant du XVIe siècle, l’hôpital repasse au contrôle laïque des bourgeois angevins. 

Le site est classé Monument Historique en 1840. En 1865, suite à la construction d’un nouvel hôpital (l’actuel Centre Hospitalier Universitaire - CHU), le site est finalement désaffecté puis transformé en « Musée des Antiquités » dès 1874. Un siècle plus tard, en 1967, les collections font place à la tapisserie Le Chant du Monde de Jean Lurçat.  

Historique de la chapelle de l’Hôpital Saint-Jean

La chapelle (18) est accessible depuis le cloître (16) de l’Hôpital. Cette dernière est mitoyenne de la grande salle où les pauvres et les malades étaient accueillis (salle où est désormais exposée Le Chant du Monde). À partir du XVIIIe siècle, elle communique également avec une maternité (20) qui accueille aujourd’hui la salle Daviers. La chapelle était à l’usage de la communauté monastique qui occupait les lieux. 

Les flux d’air chaud provenant de la grande salle des malades, l’humidité du terrain où est construite la chapelle et, plus généralement, le manque d’entretien dû à son inutilisation dès la fin du XXe siècle entraînent la dégradation des lieux. L’air chaud provoque un retrait du mortier entre les pierres, entraînant la chute de matière de voûtes. Par mesure de sécurité, le site est fermé au public, dans l’attente d’être restauré. 

Projet de restauration

En 2021, Nicolas Dufetel, élu à la Culture et au Patrimoine de la ville d’Angers, s’empare du sujet. Il souhaite rouvrir le lieu, le restaurer et en faire une salle d’exposition et de concert, dans la continuité du parcours de visite du Musée Jean Lurçat. Le projet est encadré par la Direction des Bâtiments et la Direction de la Culture et du Patrimoine de la Ville d’Angers.

Le bâtiment étant classé au titre des Monuments Historiques depuis 1840, sa restauration et l’évolution des lieux sont suivies de près par la Direction Régionale des Affaires Culturelles - DRAC des Pays de la Loire. Un premier diagnostic patrimonial est posé en 2021 par des architectes du patrimoine de l’Atelier 27. Des fouilles archéologiques seront réalisées en 2025. 

En 2023, un diagnostic complémentaire est réalisé puis des études de conception sont proposées entre fin 2023 et l’été 2024. Ces différentes études ont permis de faire le point sur l’état actuel de la chapelle, et de révéler les causes de cette dégradation. Le diagnostic patrimonial de 2023 a notamment mis à jour les différentes strates de peintures murales, les plus anciennes remontant au Moyen Age et les plus récentes de la période Moderne. Les conservateurs de la DRAC sont actuellement en discussion pour décider les modalités de restauration des peintures. L’aménagement de la chapelle et l’orientation du chœur ont également subi des transformations entre les premiers temps de l’édifice et le XVIIIe siècle, comme en témoignent les traces de cloisons fantômes sur les piliers, ou la datation des boiseries. Des sondages géotechniques et une inspection des réseaux ont permis de révéler la présence d’une nappe phréatique sous pression, expliquant ainsi l’état avancé d’usure des pieds de mur provoqué par des remontées capillaires. Il a donc fallu établir une surveillance quotidienne du taux d’hygrométrie et de la température. Les grilles d’aération véhiculant le chauffage entre la chapelle et la grande salle des malades ont également été condamnées afin de garder le lieu à une température plus stable et mieux adaptée.

Nous avons également eu la chance de pouvoir visiter les combles de la chapelle, et de découvrir la charpente du XIIe siècle, cachée au regard par des voûtes sur croisée d’ogives construites un siècle plus tard.  

Les travaux de restauration débuteront en automne 2024 et dureront environ un an. Le budget pour cette restauration s’élève à 800 000€ pour la première tranche, et à 2,2 M€ pour trois tranches.  Les travaux réalisés devront tenir compte non seulement du projet futur (lieu de spectacle et d’exposition) et des règles liées à un établissement recevant du public (ERP). C’est pourquoi plusieurs évolutions sont à prévoir, notamment la mise en place d’un plancher technique, ainsi que la création d’un sas vitré et d’un second accès (il n’en existe qu’un actuellement) pour veiller à une bonne circulation des publics. Le projet est soumis à autorisation de la DRAC des Pays de la Loire.

Une ouverture du site, en vue d’une médiation du chantier, est également envisagée. En effet, si le lieu a pour vocation d’accueillir concerts et spectacles durant la haute saison, le reste de l’année sera dédié à des visites de groupes, afin de faire (re)découvrir ce patrimoine angevin. 

La visite du chantier de restauration de la chapelle de l’ancien Hôpital Saint-Jean a permis de découvrir un lieu fermé au public depuis une vingtaine d’années, de comprendre les enjeux et les problématiques liés à la restauration du patrimoine bâti et d’en apprendre davantage sur le futur emploi du lieu. Nous remercions chaleureusement Tiffanie Le Dantec pour sa disponibilité et son dynamisme lors de cette visite, et pour nous avoir transmis ses notes qui nous ont permis de rédiger ce compte-rendu.